Minute Papillon 3/3 : le grand débat

2 /La période délicate du post partum : donner du temps au parents, les informer et les écouter !

Je consacrerai plusieurs semaines à ce sujet, en partageant des articles et poadcasts.

Connaissez vous l’impact de la grossesse sur le corps et le cerveau ?

J’ai appris récemment que les femmes vivaient une métamorphose en devenant mère, la grossesse impactant la structuration du cerveau. Des IRM ont montré des modifications importantes au niveau du volume du cortex cerébal, zone de l’empathie qui persiste au dela des 2 ans de l’enfant (non observables chez les hommes ). Le processus de devenir une mère, que les anthropologues appellent «matrescence», a été largement inexploré dans la communauté médicale. La majorité des recherches sont axées sur le développement du bébé, peu d’entre elles concernent ce changement d’identité de la femme. Une étude de l’année 2015 , développée par le Dr Julie Wray de l’Université de Salkford, a révélé cette information: « Les femmes ont besoin d’au moins un an pour se rétablir après l’accouchement. Les changements hormonaux et physiques que le corps de la femme vit pendant la grossesse ne se terminent pas avec l’accouchement. »

Je ne sais pas vous mais moi j’ai mis un temps considérable à accepter mon corps après l’accouchement, et à mettre en route mes allaitements. Pour ma deuxième grossesse, j’ai ressenti des douleurs pendant de long mois en post partum. Face à ces difficultés, je n’ai pas vraiment trouvé d’interlocuteurs du côté des professionnels : ni auprès de la sage femme qui me suivait, ni de mon médecin généraliste qui a complètement manqué d’empathie : « vous avez mal ben c’est normal« . Durant cette période, nous sommes particulièrement sensible et j’ai très mal vécu cette situation. Les parents ont besoin d’être accompagnés sur le plan émotionnel, de parler de leur quotidien : à l’arrivée du premier enfant on se pose tant de questions et lorsque la famille s’agrandie on peut avoir du mal à retrouver ses marques (surtout dans un contexte où l’on a pas de famille sur place). Aujourd’hui , des réseaux de mères s’organisent pour venir en aide aux autres mères pour combler ce vide . Des applications telles que Yoomum permettent aux mamans d’échanger et se rencontrer. Les doulas (cf définition dans le podcast qui suivra) peuvent également accompagner les femmes en post partum mais leur statut n’est pas vraiment reconnu et leur intervention a un coût financier. Dans ce contexte, des avancées sociétales sont vraiment attendues.

Un groupe de travail sur les 1000 premiers jours de l’enfant présidé actuellement par Boris Cyrulknik neuropsychiatre, doit faire des préconisations qui verront le jour au premier trimestre 2020. Il s’agit de mieux accompagner les parents. Isabel Filliozat, psychothérapeute dont les livres m’aident beaucoup à accompagner mes enfants, fera partie de ce comité. Elle explique qu’elle sera « la voix les parents« . J’ai hâte de découvrir les résultats de ce travail. Malgré tout, je ne peux pas m’empêcher d’être pessimiste : je crains la déception dans le contexte économique que nous connaissons.

  • La question de l’égalité homme femme sera à l’odre du jour : Allonger les congés maternité et paternité serait déjà un beau progrès, pour l’égalité homme femme et dans l’interêt de l’enfant.
  • Une refonte du système de peri-natalité envisagé, vers un service publique d’accompagnement? Il s’agit de rompre l’isolement des parents. D’après ce que j’ai lu , il est question de réorganiser les PMI, de rendre obligatoire l’entretien prénatal, de l’éventuelle mise en place 15 rendez-vous avec les parents durant les deux premières années de l’enfant et de proposer des visites à domicile. Je trouve interessant de venir à la rencontre des parents car certains n’osent pas parler de leurs difficultés mais attention à ne pas rendre les choses trop contraignantes ( 15 rendez-vous c’est beaucoup pour des jeunes parents à l’emploi du temps chargé). Je ne suis pas favorable au caractère obligatoire de ces rencontres. A mon sens, il faut surtout informer les parents de ce qui existe et répondre à leur demande. Un travail est actuellement fait pour labelliser les maternités à l’écoute des familles en formant notamment leur personnel à la bienveillance. C’est une bonne nouvelle mais il faudrait que l’effort se poursuive en aval. Il serait interessant de créer des lieux d’accueil gratuits dédiés au post partum accueillant principalement les parents et non pas centrés uniquement sur les enfants (à la différence des PMI) avec un personnel spécialisé en post natalité. Il existe déjà des espaces conviviaux au sein desquels les parents peuvent venir spontanément parler autours d’un goûter mais ils sont peu connus. Je pense par exemple aux associations de type les pâtes au beurre, aux cafés éducatifs, aux café des parents (école des parents). J’ai surtout découvert les LAEP à l’arrivée de ma deuxième fille : lieux d’écoute parent enfant. Les accueillants sont des psychologues ou des travailleurs sociaux. Les parents se rencontrent et parlent aux professionnels autour d’un thé pendant que les enfants jouent. Il faut se renseigner auprès de la mairie de sa ville pour savoir quand et où ils ont lieu. Lorsque j’y suis allée pour la première fois, une maman pleurait à chaudes larmes : elle rencontrait des difficultés avec son allaitement. Je pense qu’elle a pu trouver le soutien dont elle avait besoin à cet instant. Il est question de developper ce type de structures, ce serait vraiment une bonne initiative. Il serait également interessant de donner un statut légal et une formation diplomante aux Doulas.
  • Boris Cyrulnik évoque la nécessité de privilégier le congé parental pendant la première année de vie. De nombreux professionnels s’accordent sur le fait que durant cette période la collectivité n’est pas un contexte idéal pour l’enfant car il a besoin d’une relation d’exclusivité avec l’adulte. Selon le Docteur Cohen-Solal ,pédiatre et auteur de comprendre et soigner son enfant l’enfant n’est pas plus sociable s’il fréquente précocement d’autres enfants que s’il ne les rencontre qu’à l’âge de 3 ou 4 ans. Jusqu’à 2 ans, 2 ans 1/2 les petits jouent côte à côte , il ne s’amusent pas vraiment ensemble. A partir de 2 ans 1/2, 3 ans , il parviennent à se réunir autour du même jeu. C’est à ce moment la que la présence de copains du même âge est très importante. Selon lui la collectivité avant 18 mois n’est pas impérativement, elle présente de l’intérêt à partir de l’école maternelle. C’est ensuite que les relations avec les congéneres deviennent importantes. Il est question dans un rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) rendu le 25 septembre 2019, de favoriser le congé parental en le raccourcissant à 8 mois (au lieu de 3 ans possible avec une très faible rémunération), mais en le rémunérant mieux.(Il faut dire qu’on part de très bas 390Euros par mois). Si la rémunération change de manière significative, le congé parental sera mieux considéré et pourra être enfin investi par les hommes. Ce serait donc un progrès. La mission estime cependant que cette réforme n’est possible que si elle est accompagnée : d’une adaptation de l’offre de solutions d’accueil des jeunes enfants et de négociations interprofessionnelles sur la prise en compte du temps parental en milieu de travail. Mais quid des parents qui souhaitent s’occuper eux même de leur enfant durant leurs premières années de vie ? D’ailleurs 8 mois me semble un peu juste pour les familles nombreuses car il faut avoir en tête que le congé parental profite aussi aux ainés. Je suis consciente que mieux rémunérer le congé parental jusqu’aux trois ans couterait cher à la société. C’est en fait la question de la reconnaissance du travail invisible qui se pose. Je vous en parlerai prochainement en vous présentant un livre qui traite de ce sujet.
  • La questions épineuse des modes de garde sera traitée par la commission : si les structures sont desorgées pour la première année, le problème reste entier pour la suite. Les professionnels de la petite enfance se sont mis en grève cette année parce que des reformes envisageaient moins de personnel qualifié ainsi qu’une baisse du nombre d’encadrants par enfant et moins d’espace par enfant. Quid des conditions d’encadrement? Quid des parents qui n’ont pas de solutions et qui n’auront plus la possibilité de demander de congé parental même mal payé mais au moins existant? Quid aussi des femmes aux petits salaires qui devront plus vite retourner travailler et dont la paye sera engloutie par les frais de garde? Quid des personnes qui travaillent en horaires décalées?
  • La prise en compte du temps parental en milieu de travail? Est ce que si le congé parental est raccourci à 8 mois, la possibilité de prendre un temps partiel (avec prise en compte des trimestres de retraite et aide de la CAF) de droit jusqu’au 3 ans sera remise en question? Je trouvais déjà injuste qu’il ne soit plus de droit après les 3 ans… En effet, plus la famille s’agrandie, plus la charge est lourde entre maison et travail. Il y a de quoi se sentir dépassé, fatigué, entre la gestions des petits, les devoirs des plus grands, les activités extra scolaires, les courses, le ménage … D’autre part, la question du mercredi reste entière car si les enfants passent la journée au centre de loisirs ils n’ont pas de réelle coupure et engager une nounou a un impact financier. Ne parlons pas de la question du temps pour soi ! Alors de nombreuses femmes maintiennent leur temps partiel (pour info, les hommes gagnaient en moyenne 35% de plus que les femmes en 2017), au détriment de leur carrières et de leurs retraites. C’est encore la question du travail invisible qui se pose! Des aménagements de travail ont le vent en poupe comme : le télé-travail, la création de crèches sur les lieux de travail, la possibilité d’emmener son enfant au boulot. Ce sont certes des coups de pouce qu’il faut developper mais est-ce suffisant? Selon les études,  une maman qui travaille à temps plein est en effet 18% plus stressée que les autres personnes et  40% plus stressée si elle élève 2 enfants. Une étude réalisée par le professeur Tarani Chandola de l’université de Manchester, et des docteurs de l’Institut de recherche sociale et économique de l’Essex, a examiné pour les besoins d’une grande enquête les données biologiques 6 025 participants britanniques.Elle a mis en évidence le stress chronique causé par le travail : ni les horaires flexibles, ni le travail à domicile ne réduiraient le niveau de stress. Selon cette étude, travailler moins serait la véritable solution pour sortir de cet engrenage. A l’heure ou la question de l’augmentation du temps de travail fait débat, il n’est pas bien vue de prétendre qu’il serait bon de travailler moins et pourtant ne serait ce pas ce dont nous avons besoin nous les familles?

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