« Minute Papillon  » (1/3): la phase d’introspection

« Les habitants des grandes villes marchent de plus en plus vite, parlent de plus en plus vite , ont de plus en plus d’infarctus » cette phrase d’un documentaire intitulé « le temps c’est de l’argent » a raisonné en moi. Et si la suite c’était ça :« Ils font courir leurs enfants de plus en plus vite… » Comme le souligne ce reportage, nous sommes pris dans un système de rentabilité : du temps et des ressources de la planète.

Mon rapport au temps :

Je m’impose donc de réfléchir à mon rapport au temps. La culpabité est bien présente, un tas de linge sale dans un coin, le repas à préparer… Ce n’est pas grave, je mange très vite ,je rattraperai rapidement le temps perdu! Un jour Faustine est rentrée de l’école en me disant « Maman à la cantine mes copains m’ont demandé pourquoi je mangeais vite… je leur ai dit que ma maman mangeait très vite ». Ces propos m’ont fait réfléchir, mon père aussi mangeait à une vitesse fulgurante, parfois juste une banane en guise de repas : il était souvent pressé. J’ai réalisé a quel point nous fonctionnions par imitation. Première prise de conscience : pour que mes enfants ne soient pas aspirés dans cette spirale infernale, il faut d’abord que je ne le sois pas moi même. Chaque personne a un rapport intime au temps et peut décider de la façon dont il l’utilise. Bref, il faut prendre le temps de se connaitre, de s’écouter et d’écouter les autres. J’ai lu qu’il était bénéfique de réaliser avec lenteur un geste habituel du quotidien, à vous de choisir le votre , ce sera peut-être boire votre café, faire la cuisine ou vous laver sans vous presser. Le mien sera de manger plus lentement. J’ai réfléchi à ce qui compte le plus à mes yeux et j’ai décidé d’agir en conséquence, voici mes axes de changement :

  • exercice quotidien : ne rien faire en fermant les yeux pendant 5 minutes
  • ne pas me précipiter , réfléchir (as ton vraiment besoin d’acheter cet objet ?)
  • lire
  • écouter mon corps, en prenant conscience de mes membres grâce à des exercices de Pilates , manger plus lentement me permettra peut-être d’avoir un rapport différent à la satiété
  • garder en tête mon besoin d’activités non productives , je ne peux pas dire non lucratives parce qu’en congé parental je ne suis pas vraiment « rentable » 🙂
  • ne pas faire plusieurs choses en même temps
  • donner du temps aux autres : jouer avec ses enfants, passer des moments en tête à tête avec chacun des membres de la famille, s’occuper des enfants pour laisser du temps à l’autre, , donner du temps à des personnes qui sont seules, appeler mes proches juste pour prendre des nouvelles. La grande bavarde que je suis doit apprendre à contrôler son flux de paroles, à mieux écouter l’autre sans interrompre, et surtout à accepter les silences nécessaires à la réflexion.
  • Ne pas croire que l’on peut disposer du temps des autres

Pour que ces résolutions deviennent une rengaine, puis une habitude bien encrée, je vais me préparer des grilles à cocher : quotidiennes, puis hebdomadaires.

Ceuli à qui je ne veux jamais ressembler !


Pour les grands pressés, un petits cahiers d’exercices pour ralentir quand tout va trop vite, écrit par Erik Pigani , psychologue.

L’ introspection en famille

« prendre le temps d’aller en vélo au travail, prendre le temps de ne rien faire, de jardiner, écouter de la musique, jouer, déguster une pâtisserie plutôt que de boulotter des pains au lait, prendre le temps de respirer, d’observer la nature, inventer une histoire, trouver des moments pour son couple… »Nous avons réfléchi en famille et nous avons mis nos priorités sur ces petits papiers . Il ne faudra pas oublier de piocher dans le sac à temps histoire de nous ramener à l’essentiel.

Reportage intéressant « Le temps c’est de l’argent »

un documentaire qui retrace l’évolution historique de la perception du temps, Le rapport entre temps et la productivité, qui aborde les initiatives pour remédier aux conséquences sur la vie des hommes et sur l’économie. http://www.black-hat-seo.org/videos/le-temps-cest-de-largent-reportage-arte


Minute Papillon : mettre son plan à exécution (2/3)


Se mettre à la place de son enfant

Elle rammasse des feuilles plutôt que d’avancer sur le chemin de d’école? Elle a trouvé un escargot et avance à la même allure! Elle préfère jouer plutôt que s’habiller ? 
Vous sentez la moutarde vous monter au nez !?
Une petite voix raisonne en moi , non je ne suis pas schizophrène, c’est juste la voix de Jean Michel : le psy de la pmi. La première année de maternelle de Faustine a été difficile. Elle n’avait pas 3 ans quand elle a rejoint les bancs de l’école. Elle était tout juste propre et totalement accro à la tétine, objet formellement interdit. Je regrette que l’institution ne lui ai pas laissé le temps de s’en défaire. Elle a vécu cette séparation avec violence et faisait des crises pour l’emmener en classe. Les matins et les trajets étaient éprouvants pour tout le monde. A la maison, nous avions affaire à une petite fille en colère. Je suis allée demander de l’aide à la PMI, je voulais comprendre. La réponse de Jean-Michel a été simple: « votre fille est fatiguée », son conseil : la mettre à l’école en demi-journée. Je n’ai pas mis en pratique cette préconisation mais je pense que ça l’aurait aidée. De toute évidence, il avait raison: dès qu’elle franchissait le pas de la porte de l’appartement, elle s’endormait sur le carrelage.
Concernant les crises dans la rue , il m’a demandé de prendre le temps de les gérer quitte à être en retard au travail. Je me suis dit : « Il est marrant Jean-Michel », mais en fait il avait raison. Je paniquais et je ralentissais l’issue du moment désagréable. Avec du recul, je comprends ma fille : son rythme naturel n’était pas respecté, elle était privée de son objet rassurant, et son rendez-vous avec le petit escargot était pour elle aussi important que mon rendez vous de travail … Mais voilà : je la voyais déjà grande , je ne voulais pas accepter que notre rapport au temps était différent. Ensuite, je me suis renseignée : à deux ans l’enfant ne sait pas encore différer son désir, à 3 ans il comprend le présent, à 4 ans il intègre le passé et le futur. Ces informations m’ont permis de remettre les choses dans leur contexte.

La phase de rébellion : resister à la pression sociale

J’ai appris à me dégager du regard des autres. Régulièrement, des personnes intervenaient quand ma fille ne voulait plus avancer dans la rue : « ah les enfants de maintenant …Y a des baffes qui se perdent et patati et patata …» Leurs intrusions me stressaient et m’empêchaient de gérer la situation sereinement, me forçant à intervenir de manière inadaptée dans l’urgence. C’était comme si j’étais fautive et que j’avais quelque chose à prouver. Maintenant que je sais que cette situation était temporaire et que j’ai pris confiance en moi, je serais bien tentée de leur dire que : « les enfants de maintenant n’ont pas peur des adultes , qu’ils ont besoin de temps pour évacuer ce trop plein que la société leur impose « . Il y a quand même eu beaucoup de gentillesse, je me souviendrai toujours de ce garagiste qui s’est mis à faire le chien pour faire avancer ma fille, elle l’a pris pour une fou et elle a pris ses jambes à son cou. . Il y a aussi eu ce vigile qui l’a gardée le temps que je fasse mes courses, merci les gars et ouf je n’ai plus besoin de vous! Depuis l’arrivée de ma deuxième fille, je fais un break professionnel. Le climat s’est apaisé même si parfois, même souvent, les mauvaises habitudes ressurgissent. Je mets une pièce dans la tirelire à chaque fois que je dis « dépêche toi, vite » . Ma fille fait des moins grosses journées, elle est moins fatiguée et joyeuse mais encore une fois, je regrette que son rythme naturel ne soit pas plus respecté. Elle a encore souvent besoin de faire des siestes l’après midi et ce n’est pas possible à l’école. 

Leur apprendre à prendre leur temps :

  • Les outils : J’ai cherché des livres en rapport avec le sujet du temps. Ces supports ont un double usage : celui de montrer à mes filles qu’elles ont le droit d’avoir leur propre rythme et de nous aider, à nous adultes, à prendre du recul sur notre façon de vivre. Il y a quelques jours, Faustine est allée chercher un de ces livres quand son père lui a demandé de se dépêcher , elle lui a dit : »Je prends le temps ». Il y a eu un blanc et nous sommes mis à rire, le stress s’est envolé et le timing a été respecté. Une astuce qui fonctionne bien aussi : c’est de demander à l’enfant « De combien temps penses-tu encore avoir besoin ? » pour finir une action comme s’habiller ou jouer au parc par exemple , plutôt que de lui dire en rallant : « allez on s’en va, dépêche toi c’est l’heure de rentrer ». En effet, même s’il n’a pas la notion du temps, l’enfant se sent acteur de la situation et se responsabilise. J’avais lu ce conseil dans un bouquin, il me semblait simpliste et en fait il fonctionne.
  • La contemplation : Nous prenons plus souvent le temps d’observer les saisons, les fleurs, les insectes. Nous nous arrêtons pour nous reconnecter à notre corps, pour écouter les bruits,mais aussi le silence. Personnellement, j’ai toujours eu peur des blancs dans les conversations alors que je pense qu’ils sont importants. Apprivoiser et apprécier le silence me semble bénéfique, nous travaillons ça ensemble…
  • La procrastination , Exit les agendas de ministres ! je laisse les filles s’ennuyer pour qu’elle puissent apprendre : à créer, à être seules, à observer par elles mêmes le monde qui les entoure. Ça me repose! J’aime voir Faustine se déguiser et l’écouter à travers la porte de sa chambre inventer des histoires.
  • Un petit goût de liberté : régulièrement, je ne prends plus la poussette le soir pour qu’Ariane puisse rentrer à pied. Les gens s’arrêtent dans la rue non plus pour mettre leur grain de sel mais parce qu’ils prennent plaisir à la regarder courir avec son big smile .

J’ai conscience que tout sera plus compliqué à appliquer quand je reprendrai mon métro quotidiennement. J’aurais l’esprit envahi par les tracas du boulot, mais j’aimerais qu’il reste quelque chose de cet équilibre que l’on a eu tant de mal à trouver. C’est aussi pour ça que j’écris cet article , pour encrer des changements de vie, qu’il soit le garde fou de nos priorités. Je ne peux pas me résoudre à penser que c’est un luxe de vivre simplement en recherchant plus d’harmonie avec la nature et nos rythmes naturels. J’espère que la société évoluera en ce sens, il y a tant de choses à faire…commençons avec un peu d’optimisme : moi j’y crois à cette vie qui respire, « et ça c’est rien de le dire » comme dirait la chanson !

« Temps calme » de G.Diederichs est un livre destiné aux enfants de 4 à 12 ans. Il est composé de 50 exercices de méditation ludiques qui permettent d’aider l’enfant à prendre conscience et d’être à l’écoute de son corps et de sa respiration.

Activité destinée à aider l’enfant à apprécier le monde du silence et à vivre un moment de paix ( référence : 1000 activités Montessori pour préparer son enfant à lire et à écrire de Marie-Hélène Place)

« l’enfant a besoin de moments de paix pour se reposer et pour écouter ses pensées. Installez le silence et lui faites lui écouter les bruits de son corps en fermant les yeux. Demandez lui de lever un bras, en écoutant le bruit qu’il fait, puis de tourner sa tête tourner à droite, à gauche/ Ensuite de rouvrir les yeux, de se lever, de traverser la pièce en marchant doucement puis de se rasseoir. L’enfant entendra les bruits imperceptibles de ses articulations, de ses pieds sur le sol, de sa respiration,. Ensuite asseyez-vous par terre de l’autre bout de la pièce et dites lui que lorsque vous l’appellerez par son prénom, en chuchotant , il pourra venir s’asseoir à côté de vous en faisant le moins de bruit possible . Attendez un petit instant et murmurez son prénom. »

A lire à vos enfants, ce joli livre : »Prendre le temps » de Maud Roegiers

« Il y a un Tigre dans le jardin » de Lizzy Stewart, une belle histoire sur le thème de l’imagination. Un après-midi d’ennui , Nora revisite le jardin de sa grand-mère. « Découvrir de l’extraordinaire dans l’ ordinaire »: Faustine aime beaucoup ce livre et moi aussi !

« Ecoute le silence « de Marie-Hélène Place et Caroline Fontaine-Riquier : un petit livre pour prendre le temps d’écouter.

« Arthur et les gens très pressés  » de Nadine Brun-Cosme et Aurélie Guillerey : « Chaque jour , le papa d’Arthur, sa maman, le maître, l’animatrice lui disent : »Presse-toi »..un matin, il se retrouve seul devant son bol de chocolat et peut enfin prendre son temps »

Minute Papillon (3/3) : le grand débat ! Donner du temps aux familles

Parents sous pression, burn out parental, charge mentale …la période du post partum est délicate, l’enfant soude le couple mais le met également à mal. Bref, on en bave de la matrescence (nouveau concept dont je vous parlerai) à l’adolescence! Les émissions de télé , les articles de journaux et les podcasts se multiplient. Le sujet est vendeur car il touche une large proportion de la population. Peu importe la classe sociale, peu importe la culture, tout le monde est concerné (voila enfin un sujet qui fédère 🙂 . Il reste pourtant tabou dans la sphère politique. Comment en vouloir à nos élites quand même Pascal le grand frère et super nanny sont dépassés 🙂 Les questions d’ordre familial sont quasi absentes du grand débat récemment mené. Seule la situation des familles monoparentales a été brievement abordée. Le sujet est pourtant crucial car si nous ne donnons pas de temps à nos enfants qui le fera? Si la société n’accompagne pas dignement les familles en difficulté, que deviendront ces enfants, adultes de demain? J’ai eu envie de réfléchir à ces questions. Dans ce dossier, je vous partage sur plusieurs semaines mes recherches, mes lectures d’articles, de livres et les poadcasts que j’ai écoutés. Je vous parle du post partum, des violences obstétricales, de l’isolement des parents, de l’accompagnement à la grossesse, des dispositifs existants, des nouvelles initiatives, du féminisme , du congé parental, du travail invisible, de la place des pères. Pourquoi prendre le temps d’aborder ces sujets ? Parce que si nous nous taisons rien de changera.

1/Donner du temps et de la place aux papas

Pour palier à l’isolement des mères, un mouvement actuel prône un investissement plus important des pères. J’ai récemment lu dans un article du nouvel obs cette présentation peu flatteuse :  » Pendant que Madame n’est pas lavée , et qu’elle éclate en sanglots, il lui faut quelqu’un à ses côtés mais ce quelqu’un n’est pas là, ce quelqu’un travail, sifflote, mange une escalope à la cantine, prend une bière  » . Elle vous fait envie cette bière hein les filles? Surtout si vous allaitez et que vous n’en pouvez plus des Bucklers et des Tourtels. Mais voilà, vous êtes crevées, vos cheveux sont gras et la perspective de vous alcooliser seule en pyjama avec votre bébé en écharpe serait digne d’une émission TV sur M6 ou d’un rôle de Marina Fois au cinéma. Votre ainé vous dit que vous avez encore un bébé dans le ventre et on vous laisse la place dans le métro quand vous êtes seule… C’est vrai, les hommes n’ont pas à vivre tous ces désagréments (ils ne doivent qu’à eux-même leur bide à bière:) ! Ils n’ont pas à subir ces changements corporels, ni ces douleurs physiques, ni cet allaitement foireux. Je reconnais qu’il y a une forme d’injustice. Ils reprennent leur train-train pendant que nous vivons notre quatrième trimestre, le pire à mon sens! Alors géniteurs fuyards ou pas ? Je n’ai pas l’impression que les pères soient forcement plus contents d’être au travail qu’à la maison, enfin je ne pense pas qu’on puisse en faire une généralité. J’irais même plus loin, il me semble qu’ils subissent aussi une grande pression, celle « du bon père de famille » qui doit assurer pour subvenir aux besoins de sa famille sauf que maintenant en plus ils changent les couches! Y en a même certains qui font la vaisselle et la cuisine 🙂 ! Et comme Monsieur n’a pas accouché, il ne peut ni pleurer, ni se plaindre en disant que c’est la faute des hormones. Ces jeunes papas , je les trouve pour la plupart investis et j’oserai même dire épanouis dans un maternage qui ne va pas à l’encontre de leur masculinité(je dois avoir un super entourage, lançons nous des fleurs). Je pense qu’ils aimeraient jouer les prolongations et qu’ils sont privés de moments certes difficiles mais précieux de tête à tête avec leur enfant. Je parle de ces instants où la relation se tisse, où le parent apprend de son enfant (on oublie souvent que l’apport est réciproque) Alors oui ,il faut qu’ils prennent leur place pas uniquement pour partager la difficulté avec leur moitié mais surtout parce qu’elle leur revient de droit (je parle aussi bien de la place que de la difficulté:) … A nous les femmes de mettre sur le même plan le lien père/enfant que le lien mère/ enfant…Arrêtons de penser que nous avons l’apanage de la maternité parce que nous avons enfanté. A nous les femmes de ne pas attendre du père qu’il ressemble au notre ou à l’image caricaturale que nous pouvons en avoir. A vous les hommes, d’oser vous depatriarcaliser. A nous parents de lutter contre les déterministes. A nous de prouver à nos enfants qu’il n’y a pas de supériorité dans la parentalité en leur montrant l’égalité sur les taches ménagères et de maternage, en autorisant nos garçons à pleurer et à jouer à la poupée, en apprenant à nos filles à bricoler. Enfin, à la société de valoriser les taches parentales en commençant par la place des pères auprès de leurs enfants. L’Espagne a recemment opté pour un congé paternité de 8 semaines qui sera porté à 16 semaines en 2021, indemnisé à 100%…Prenons exemple... Une étude des chercheurs médical de Stanford a montré qu’en introduisant plus de flexibilité dans le congé parental (autorisant les pères à utiliser jusqu’à 30 jours de congé payé de manière intermittente dans l’année suivant la naissance de l’enfant) des bienfaits sur la santé de la mère étaient constatés, notamment une réduction des complications liées à l’accouchement et de l’anxiété post-partum (moins de recours aux antibiotiques et aux anxiolytiques) . Cette mesure répondrait donc à un problème de santé publique. Selon ces mêmes chercheurs, il est bénéfique aux familles d’avoir la possibilité de décider, au jour le jour, quand le père va rester à la maison. Il est vrai que pour le premier enfant nous ne sommes pas trop de deux à découvrir le rôle de parents, à apprendre tous ces gestes du quotidien, à réaliser qu’un petit être est totalement dépendant de nous. Personnellement c’est surtout pour le deuxième enfant que j’ai ressenti la nécessité d’être ensemble afin de gérer une toute nouvelle logistique (amener l’enfant ainé à l’école, lui apporter l’attention nécessaire…)dans un contexte de fatigue physique. Il faut constamment se réadapter, la précipitation engendre tensions et ‘incompréhensions. Bref laissez nous le temps…. Nous aurons toute la vie pour être performants au boulot mais ces premiers instants de la vie de nos enfants nous ne pourrons pas les revivre. Laissez nous prendre nos marques, trouver notre équilibre.

Père d’hier et père d’aujourd’hui

  • Le mode « servante écarlate » : Ça c’était avant? Pas tout à fait! j’ai souhaité parler à ma fille de la famille et de son évolution. Je voulais qu’elle sache que le statut de la femme a changé, qu’elle apprenne qu’il diffère selon les cultures. J’ai trouvé à la bibliothèque le livre.-  » La Famille » collection Mes petites questions éditions Milan. Il explique brièvement l’histoire de la famille. Nous avons pu parler de la place du père et de l’évolution des lois. Un long travail reste à faire car certaines pratiques ne sont pas révolues. J’ai pu constater dans mon activité professionnelle qu’au sein de certaines familles seul l’homme pouvait signer les documents administratifs concernant les enfants. La situation étant d’autant plus problématique que certains pères sont absents durant des mois.
  • Les pères d’aujourd’hui:
  • je vous mets en lien le site de Johan Bavman. Ce photographe a réalisé une série de clichés sur le quotidien des papas : des photos réalistes et émouvantes. http://www.johanbavman.se/swedish-dads/
  • Parce qu’il n’y a pas que les mamans qui téléphonent à leurs enfants:) : des messages vocaux de père dans tous leurs états!

https://www.arteradio.com/son/61660164/c_est_papa

  • Cet article parle de la présence des pères pendant l’accouchement, il est accompagné de photos très parlantes.

La grande question maintenant c’est qui seront les pères de demain ? Vous trouverez une réflexion sur cette question interessante dans les poadcasts suivants.

Ma selection de Podcasts :

Qui étaient les pères d’hier? Qui sont les pères d’aujourd’hui, quels sont leur quotidien. Qu’est ce qu’un homme féministe ? A t’on besoin des pères ? Qu’est-ce qu’un père? Comment éduquer le petit garçon qui sera l’homme de demain? Quelle place occupe la mère dans la construction du père? Des questions abordées à travers les écrits de grands auteurs, les interviews de professionnels et les témoignages de monsieur tout le monde.

  • Je vous partage ce poadcast d’Arte « un autre homme est possible » les enjeux de la mascunilité d’aujourd’hui , une création de Charlotte Bienaimé. Résumé : « Comment réfléchir à sa masculinité ? A l’heure des combats féministes et du mouvement #MeToo, comment se construisent les identités masculines ? Quels stéréotypes de genre pèsent sur les hommes ? Quels rapports de domination existent entre eux ? Pourquoi certains vont jusqu’au viol ? À l’inverse des masculinistes qui cherchent à retrouver une virilité perdue, comment déconstruire ses pratiques de domination, ses injonctions intériorisées à la virilité ? C’est ce que j’ai cherché à comprendre dans ce podcast. Parce qu’interroger les masculinités est un enjeu féministe, une pratique nécessaire pour faire changer les rapports de domination. » Des sujets abordés à travers un regard anthropologique, et sociologique. Des témoignages de garçons danseurs, d’hommes refusant l’évolution de la société ou empruntant la voix du féminisme après une remise en question personnelle .

https://www.arteradio.com/son/61659963/un_autre_homme_est_possible_8

  • Dans ce poadcast  » Etre père sans plonger dans la masculinité toxique » un papa du quotidien raconte le chamboulement de son quotidien suite à sa paternité. Il évoque aussi les conséquences sur son couple, peut-être que vous vous reconnaîtrez dans son récit. Il est bon de savoir que les difficultés ressenties sont partagés par de nombreux parents.

https://podtail.com/fr/podcast/la-matrescence/etre-pere-sans-plonger-dans-la-masculinite-toxique/

  • Pour les littéraires et ceux qui s’intéresse à la psychanalyse, l’émission »les chemins de la philosophie  » de France culture à réalisé un dossier « le père » constitué de 4 poadcasts. La place du père est abordé à travers l’oeuvre de Shakesperare et de Dostoïevski. Père idéal ou monstrueux, l’émission m’a donné envie de lire ces classiques. Le complexe d’oedipe est évoqué aussi bien au travers la littérature que du point de vue psychanalyste. J’ai été particulièrement interpelée par le prisme du père en tant que construction culturelle. Selon Lacan c’est la mère qui fait le père, à bon entendeur Mesdames 🙂

https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie

  • Je vous conseille ce poadcast « J’élève mon fils ». Il évoque la façon d’élever ce garçon qui sera un homme et un père de demain. Il nous fait réfléchir à nos pratiques. J’ai mis un peu de temps à accrocher avec l’interview. J’ai trouvé la deuxième partie beaucoup plus intéressante. Si j’avais eu un fils, est-ce que j’aurais osé l’habiller en rose ou lui donner des barbies? Est-ce que je me serais adresser à lui de la même façon? Est-ce que l’aurais inscrit à la danse? Je ne sais pas. Je répète souvent à mes filles qu’elles sont belles mais est-ce que je leur dis aussi fréquemment qu’elles sont intelligentes ? Il m’arrive de dire en parlant de mes filles et des fils d’amis « on va les marier, ou fait lui un bisous ». Tous ces comportements sont abordés dans ce poadcast. L’idée n’est pas de tout changer et de se dire que l’on a mal fait! Il s’agit plutôt de réfléchir à ce que l’on veut transmettre et à l’impact de la société de consommation sur nos choix. J’ai appris avec étonnement que les jouets dans les années 60 étaient beaucoup moins genrés. Les stéréotypes d’aujourd’hui ne dateraient donc pas d’hier, intéressant…

Résumé : Quel rôle jouons-nous en tant qu’adultes dans la fabrique des garçons ? Comment élever un petit garçon bien dans ses baskets ? Élever un individu de genre masculin dans une société profondément sexiste soulève bien des questions, auxquelles Aurélia Blanc a longuement réfléchi, et dont nous discutons dans cet épisode. Quels jouets, quels vêtements, quelles activités choisir ? Comment éduquer aux émotions, à l’intimité, à la sexualité ? Comment, en tant que parents féministes, s’interroger sur nos propres mécanismes sexistes ? 
Journaliste féministe au sein du magazine Causette, mère d’un petit garçon d’un an et demi, Aurélia Blanc vient de publier « Tu seras un homme – féministe – mon fils ! ». Dans ce manuel d’éducation antisexiste, elle réfléchit à comment éduquer « des garçons libres et heureux » en prenant le contre-pied des stéréotypes de genre auxquels ils sont constamment exposés, à travers une éducation libre et non-genrée. https://www.binge.audio/jeleve-mon-fils/

https://www.binge.audio/jeleve-mon-fils/

Affiche d’Elise Gravel , illustratrice , je vous conseille d’aller faire un tour sur son blog ! Les affiches téléchargeables constituent un bon support pour parler aux enfants.



Minute Papillon 3/3 : le grand débat

2/ Laisser aux femmes le temps de vivre leur grossesse et les rendre actrices de leur accouchement

Non la grossesse n’est pas qu’un merveilleux moment :

  • Rendez-vous médicaux à la chaîne avec un professionnel différent à chaque rencontre
  • Non prise en compte de la douleur exprimée durant la grossesse
  • Absence de consentement pour des actes obstétricaux (utilisation d’instruments, épisiotomie, déclenchement …)
  • Refus d’écouter le ressenti de la femme lors de son accouchement (positions, projet d’accouchement…)
  • Réflexions désagréables et propos infantilisants.

Je ne me sentais pas concernée quand j’entendais parler des violences obstétricales jusqu’au jour où je suis tombée sur ce schéma via le site de l’association « pour une meuf » . Ce mouvement lutte contre le sexisme médical.

http://www.may28.org/wp-content/uploads/dlm_uploads/2015/05/Obstetric-Violence-FRENCH.png?fbclid=IwAR0JydJ1rYa0h-eGhYA29NvChU_TutfsG7k_BzBb_PeSJgyUaSiACRpyr4E

J’ai détesté cet aspect déshumanisant de la grossesse, celui qui m’a fait ne me sentir par moment qu’un ventre.

j’ai détesté servir de cobaye à la stagiaire qui m’a recousue sans avoir donné mon consentement . Je me souviens de sa panique. j’en garde un traumatisme.

J’ai détesté le médecin de la maternité qui n’a pas voulu m’arrêter en fin de grossesse , grâce à elle j’ai fini aux urgences quelques jours plus tard.

J’ai détesté que l’anesthésiste soit pressé et qu’il me pique pendant une contraction.

J’ai compris mais j’ai détesté que la sage femme qui m’a accompagnée tout au long de mon accouchement quitte la salle juste au moment de l’expulsion car elle terminait son service.

J’ai détesté ce contrôle du poids avec ces réflexions infantilisantes : « il faut prendre des melons moins sucrés »

J’ai détesté que le médecin me parle d’éventuelle malformation de mon bébé pour me dire que finalement « non » sans s’imaginer le cataclysme qui s’était produit en moi .$

J’ai détesté ne pas me sentir libre.

J’ai détesté ne pas avoir mon mot à dire alors je le dis quand même 🙂

« Etre une femme libérée tu sais c’est pas si facile « 

Je vous parle de mon vécu mais aussi de celui de nombreuses femmes qui m’ont relatée des expériences similaires.

Je vous jette en vrac par écrit des témoignages issus du poadcast « le gynécologue et la sorcière » et du documentaire « tu enfanteras dans la douleur » (Cf liens ci-dessous)

  • « Le gynécologue il faisait son truc dans son coin il ne me regardait pas »
  • « Il m’a dit d’aller vite parce qu’il devait prendre l’avion pour partir en week-end »
  • « Ce n’est pas parce qu’on à le sexe à l’air que c’est open bar pour tout le monde  »
  • « Dans la vie de tous les jours on est pas du genre à se laisser faire mais la ça se passe »
  • « le médecin m’a dit vous n’allez pas pleurer quand meme (à une femme qui venait de perdre son bébé)
  • « Le médecin est arrivé, il ne m’a pas dit bonjour, il m’a écarté les jambes  »
  • « C’était impossible de lui poser des questions, il m’a dit foutez moi la paix, je n’ai pas besoin de vous »
  • « Je me suis demandée ce que j’avais fais de mal, ce n’est pas moi qui me suis ouvert le vagin quand meme
  • « J’ai le sentiment d’avoir été agressée »
  •  » Ils pourraient être dans le lien, faire changer la femme de position mais c’est la rentabilité à fond, libérer les chambres, on fait une épisio »
  • « Sentant que j’étais un poids pour eux j’ai fini par accepter la péridurale »

Je reste pourtant convaincue que la plupart des professionnels de santé sont bienveillants. Il ne s’agit pas de fustiger une profession. Je comprends ce sentiment d’injustice, nous les travailleurs sociaux y sommes également confrontés. Mais il faut entendre les critiques et adopter une position humble. La violence n’est pas forcement liée à une volonté de nuire. A leur décharge, les professionnels de santé manquent surement de temps à accorder à leur patientes. Je comprends qu’on banalisent des patriques quotidiennes et répétitives mais dans ce contexte il s’agit d’actes qui touchent à l’intimité la plus profonde, de gestes susceptibles de raviver une histoire personnelle douloureuse, voir des traumatismes. Comme dans tous les métiers de relation d’aide, les soignants s’habituent à la douleur, à la souffrance, à la plainte. Ils ont vu pire, bien pire, que votre cas… mais est-ce une raison pour ne pas écouter? Les femmes d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Elles sont peut-être sont plus isolées, plus éloignées de leur famille.Elles attendent surement plus qu’autrefois d’être entourées. Pour nombreuses d’entre elles tout va trop vite et 2 jours à la maternité ce n’est pas suffisant pour se remettre de l’accouchement. Elles cherchent à être rassurées mais elles ne veulent pas pour autant vivre leur accouchement de manière passive. Eduquées, elles ont accès aux moyens de communication. Elle réclament de la liberté et des consultations interactives. D’ailleurs n’est-ce pas plus intéressant ?

Selon Marie Hélène Lahaye juriste et auteure de « Accouchement : les femmes méritent mieux », il existe un manque de transmission entre femmes . Elle explique que dans les années 60 un message a été véhiculé incitant les femmes à ne plus partager leur expérience et à considérer le médecin comme le seul détenteur du savoir. Les mamans n’ont donc plus parlé à leur fille, elles les ont emmenées chez le gynéco pour qu’il fasse le boulot. Il s’agit, selon la juriste, d’un non sens, car ni les médecins ni les sages femmes ne seraient formés à donner ces informations, particulièrement dans un contexte où il faut aller de plus en plus vite.

Le positionnement du monde médical

Marie Hélène Lahaye constate que la médecine ne s’adapte pas aux nouvelles attentes des femmes. Il semblerait que toutes les plaintes de femmes victimes de violences obstétricales déposées à l’ordre des médecins aient été rejetées … Elle dénonce : une injonction à la passivité, de la violence dans des situations banales, des actes médicaux systématiques ainsi qu’une négation de la douleur : « vous ne pouvez pas avoir mal puisque vous avez la péridurale ». Selon elle, ce n’est plus l’interêt des femmes qui prime mais celui des médecins : « la péridurale sert aux soignants c’est beaucoup plus simple d’accompagner sous péridurale …la péridurale permet de faire une série d’actes médicaux ». Elle explique aussi que l’empathie que l’on pourrait attendre liée à la féminisation des gynécologues n’est pas aux rendez-vous car « ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on a deconstruit ce modèle patriarcal masculin…elles vont prouver qu’elles sont capables de faire aussi bien que leurs confrères masculins y compris dans la domination féminine ».

Mais là encore attention aux généralisations : des professionnels ont entendus, et réfléchissent à leurs pratiques. Dans le poadcast « Violences gynécologiques ou obstétricales mythe ou réalité? », sur France culture, sage femme et chef de service de maternité constatent l’absence d’explications données aux patients, un defaut d’information et un manque d’harmonisation des pratiques. Elles souhaitent donner plus de sens aux soins et prônent une évolution de la formation des professionnels de santé ainsi que la prise en compte nécessaire de l’histoire du patient.

Selon Michel Odent, chirurgien obstétricien, à l’origine du concept d’accouchement en salle de naissance:  » « il n’est pas possible aujourd’hui que persiste un tel hiatus entre ce qui se passe dans les maternités et ce qui est publié à la lumière des données scientifique actuelles« . Il revient sur la notion d’intimité : « les femmes devraient pouvoir accoucher dans un lieu intime et silencieux, dans la pénombre, où la température est suffisamment élevée et où elles ne se sentent pas observées. »

En vrac quelques phrases de professionnels à méditer, issues du podcast « le gynécologue et la sorcière » :

  • « Pour faire 5500 naissances je suis seul de garde...il y a des nuits où je dois choisir entre 3 césariennes laquelle est la plus urgente….un jour il ne va pas choisir la bonne et on le lui reprochera…
  • « La naissance est traitée à l’hôpital comme une maladie avec des quotas …on doit aller toujours plus vite et ça ne doit pas couter cher »
  • « Ce qu’on voit à l’hôpital c’est le contrôle du corps des femmes en permanence…laisser une marche de manoeuvre aux femmes ça inquiète …on intériorise le pouvoir du sachant…Les études de médecine sont empreintes de sexisme… la culture carabine consiste à stigmatiser les femmes pour désacraliser …
  • «  ça pourra changer si on arrête d’observer des gestes sans le consentement de la patiente « .

Apporter sa pièce à l’édifice

Il m’aura fallu deux grossesses pour comprendre : les femmes qui refusent la péridurale, celles qui ont recours à des Doulas, celles qui choisissent d’aller dans des maisons de naissance, celles qui accouchent à quatre pattes, celles qui accouchent à la maison. J’admire celles ont été actrices d’emblée, celle qui sont allées chercher l’information, celles qui ne se sont pas laisser dicter les choses. Si c’était à refaire, je ne sais pas quels seraient mes choix mais j’exigerais de me sentir considérée. Je ne vivrais plus ma grossesse et mon accouchement de manière passive. Je ne suivrais plus des protocoles sans poser de questions. Je me documenterais. D’ailleurs si j’avais écouté ces poadcasts avant mes grossesses , j’aurais probablement eu un autre positionnement. En me renseignant, j’ai compris qu’il existait un état d’esprit (patriarcal?) français. Certains pays pratiquent différemment, j’ai par exemple appris qu’aux Pays Bas 30% des femmes accouchaient à domicile. Chez nous, la pratique est encore mal considérée, le coût des assurance à payer pour les sages femmes est très dissuasif. Que penser de ces différences? J’ai aussi appris que les pratiques étaient très différentes d’une maternité à l’autre, alors que penser,par exemple, du fait que certaines maternités pratiquent beaucoup l’épisiotomies et d’autres quasiment pas?

Et si on remettait de l’humain dans tout ça ?

J’ai trouvé très intéressants les propos de Marie-Hélène Lahaye concernant la transmission et les relations mères-filles. A l’adolescence, j’enviais ma copine que sa mère accompagnait chez le gyneco. Je me disais que je ferais pareil avec ma fille. Aujourd’hui, j’ai changé d’avis. Je voudrais redonner une place à la transmission et échanger avec ma fille: pas comme une copine, ni comme une prof mais de femme à femme puisque c’est ce que nous sommes. J’ai dejà commencé en lui parlant de son corps, sans édulcorer. Nous avons abordé les notion de consentement, et d’intimité. Nous reviendrons sur ce sujet dans un prochain post. Je vous presenterai les livres qui me servent de support.

Conclusion: petit à petit l’oiseau fait son nid….

Un rapport récent sur le sujet commandé par la ministre de l’égalité homme/femme propose 25 recommandations. L’ordre des médecins n’a pas donné suite mais il a été approuvé par le conseil national des gynécologues et obstétriciens français. Une commission de promotion de la bientraitance en gynécologie a vue le jour. De plus en plus de langues se délient, des mouvements apparaissent tels #que paye ton utérus. C’est un bon début ! Affaire à suivre donc…

Cliquer pour accéder à hce_les_actes_sexistes_durant_le_suivi_gynecologique_et_obstetrical_20180629.pdf

Je vous partage les poadcasts que j’ai écouté à ce sujet

  • Ce poadcast « Le gynécologue et la sorcière » regroupe de nombreux témoignages.

Une création de Charlotte Bienaimé

Résumé « Paroles blessantes, propos déplacés, gestes brutaux, manque d’empathie, actes réalisés sans explications ni consentement, absence de prise en compte de la douleur… De plus en plus de femmes racontent les maltraitances et violences vécues lors de leurs suivis gynécologiques, de leurs IVG et de leurs accouchements. Comment expliquer ces pratiques ? Les faire changer ? Comment les femmes peuvent elles se réapproprier leurs corps, leur santé ? »

Je vous mets le lien du rapport sur les violences obstétricales. La lecture est un peu longue mais intéressante

  • Le poadcast « Violences gynécologiques ou obstétricales mythe ou réalité? » sur France culture

https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser-avec-rene-frydman/violences-gynecologiques-ou-obstetricales-mythe-ou-realite

Résumé : Après l’annonce de notre Ministre à l’égalité des hommes et des femmes sur les maltraitances faites aux femmes en juin de cette année citant que 75% d’épisiotomies étaient réalisées (chiffre faux puisqu’il en a que 20%) a suscité un débat repris par de nombreux journalistes en manque de buzz. Il n’en reste pas moins que l’écoute, l’information, l’adhésion aux propositions médicales sont en deçà de ce que l’on pourrait souhaiter.  Une  césarienne, la pose de forceps, de ventouses, l’expression abdominale, l’injection de tel ou tel médicament mérite avant pendant et après un dialogue explicatif.Certes les préparations à l’accouchement (huit séances remboursées par la sécurité sociale) ou à la parentalité ne sont pas suffisamment fréquentées. C’est pourtant un lieu d’information et de dialogue.  Le monde de la naissance a beaucoup évolué ces trente dernières années, présence du père, accueil du bébé dans la douceur, salle d’accouchement … Toutes ces évolutions doivent être prise en compte pour être le plus objectif possible.

Minute Papillon 3/3 : le grand débat

2 /La période délicate du post partum : donner du temps au parents, les informer et les écouter !

Je consacrerai plusieurs semaines à ce sujet, en partageant des articles et poadcasts.

Connaissez vous l’impact de la grossesse sur le corps et le cerveau ?

J’ai appris récemment que les femmes vivaient une métamorphose en devenant mère, la grossesse impactant la structuration du cerveau. Des IRM ont montré des modifications importantes au niveau du volume du cortex cerébal, zone de l’empathie qui persiste au dela des 2 ans de l’enfant (non observables chez les hommes ). Le processus de devenir une mère, que les anthropologues appellent «matrescence», a été largement inexploré dans la communauté médicale. La majorité des recherches sont axées sur le développement du bébé, peu d’entre elles concernent ce changement d’identité de la femme. Une étude de l’année 2015 , développée par le Dr Julie Wray de l’Université de Salkford, a révélé cette information: « Les femmes ont besoin d’au moins un an pour se rétablir après l’accouchement. Les changements hormonaux et physiques que le corps de la femme vit pendant la grossesse ne se terminent pas avec l’accouchement. »

Je ne sais pas vous mais moi j’ai mis un temps considérable à accepter mon corps après l’accouchement, et à mettre en route mes allaitements. Pour ma deuxième grossesse, j’ai ressenti des douleurs pendant de long mois en post partum. Face à ces difficultés, je n’ai pas vraiment trouvé d’interlocuteurs du côté des professionnels : ni auprès de la sage femme qui me suivait, ni de mon médecin généraliste qui a complètement manqué d’empathie : « vous avez mal ben c’est normal« . Durant cette période, nous sommes particulièrement sensible et j’ai très mal vécu cette situation. Les parents ont besoin d’être accompagnés sur le plan émotionnel, de parler de leur quotidien : à l’arrivée du premier enfant on se pose tant de questions et lorsque la famille s’agrandie on peut avoir du mal à retrouver ses marques (surtout dans un contexte où l’on a pas de famille sur place). Aujourd’hui , des réseaux de mères s’organisent pour venir en aide aux autres mères pour combler ce vide . Des applications telles que Yoomum permettent aux mamans d’échanger et se rencontrer. Les doulas (cf définition dans le podcast qui suivra) peuvent également accompagner les femmes en post partum mais leur statut n’est pas vraiment reconnu et leur intervention a un coût financier. Dans ce contexte, des avancées sociétales sont vraiment attendues.

Un groupe de travail sur les 1000 premiers jours de l’enfant présidé actuellement par Boris Cyrulknik neuropsychiatre, doit faire des préconisations qui verront le jour au premier trimestre 2020. Il s’agit de mieux accompagner les parents. Isabel Filliozat, psychothérapeute dont les livres m’aident beaucoup à accompagner mes enfants, fera partie de ce comité. Elle explique qu’elle sera « la voix les parents« . J’ai hâte de découvrir les résultats de ce travail. Malgré tout, je ne peux pas m’empêcher d’être pessimiste : je crains la déception dans le contexte économique que nous connaissons.

  • La question de l’égalité homme femme sera à l’odre du jour : Allonger les congés maternité et paternité serait déjà un beau progrès, pour l’égalité homme femme et dans l’interêt de l’enfant.
  • Une refonte du système de peri-natalité envisagé, vers un service publique d’accompagnement? Il s’agit de rompre l’isolement des parents. D’après ce que j’ai lu , il est question de réorganiser les PMI, de rendre obligatoire l’entretien prénatal, de l’éventuelle mise en place 15 rendez-vous avec les parents durant les deux premières années de l’enfant et de proposer des visites à domicile. Je trouve interessant de venir à la rencontre des parents car certains n’osent pas parler de leurs difficultés mais attention à ne pas rendre les choses trop contraignantes ( 15 rendez-vous c’est beaucoup pour des jeunes parents à l’emploi du temps chargé). Je ne suis pas favorable au caractère obligatoire de ces rencontres. A mon sens, il faut surtout informer les parents de ce qui existe et répondre à leur demande. Un travail est actuellement fait pour labelliser les maternités à l’écoute des familles en formant notamment leur personnel à la bienveillance. C’est une bonne nouvelle mais il faudrait que l’effort se poursuive en aval. Il serait interessant de créer des lieux d’accueil gratuits dédiés au post partum accueillant principalement les parents et non pas centrés uniquement sur les enfants (à la différence des PMI) avec un personnel spécialisé en post natalité. Il existe déjà des espaces conviviaux au sein desquels les parents peuvent venir spontanément parler autours d’un goûter mais ils sont peu connus. Je pense par exemple aux associations de type les pâtes au beurre, aux cafés éducatifs, aux café des parents (école des parents). J’ai surtout découvert les LAEP à l’arrivée de ma deuxième fille : lieux d’écoute parent enfant. Les accueillants sont des psychologues ou des travailleurs sociaux. Les parents se rencontrent et parlent aux professionnels autour d’un thé pendant que les enfants jouent. Il faut se renseigner auprès de la mairie de sa ville pour savoir quand et où ils ont lieu. Lorsque j’y suis allée pour la première fois, une maman pleurait à chaudes larmes : elle rencontrait des difficultés avec son allaitement. Je pense qu’elle a pu trouver le soutien dont elle avait besoin à cet instant. Il est question de developper ce type de structures, ce serait vraiment une bonne initiative. Il serait également interessant de donner un statut légal et une formation diplomante aux Doulas.
  • Boris Cyrulnik évoque la nécessité de privilégier le congé parental pendant la première année de vie. De nombreux professionnels s’accordent sur le fait que durant cette période la collectivité n’est pas un contexte idéal pour l’enfant car il a besoin d’une relation d’exclusivité avec l’adulte. Selon le Docteur Cohen-Solal ,pédiatre et auteur de comprendre et soigner son enfant l’enfant n’est pas plus sociable s’il fréquente précocement d’autres enfants que s’il ne les rencontre qu’à l’âge de 3 ou 4 ans. Jusqu’à 2 ans, 2 ans 1/2 les petits jouent côte à côte , il ne s’amusent pas vraiment ensemble. A partir de 2 ans 1/2, 3 ans , il parviennent à se réunir autour du même jeu. C’est à ce moment la que la présence de copains du même âge est très importante. Selon lui la collectivité avant 18 mois n’est pas impérativement, elle présente de l’intérêt à partir de l’école maternelle. C’est ensuite que les relations avec les congéneres deviennent importantes. Il est question dans un rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales) rendu le 25 septembre 2019, de favoriser le congé parental en le raccourcissant à 8 mois (au lieu de 3 ans possible avec une très faible rémunération), mais en le rémunérant mieux.(Il faut dire qu’on part de très bas 390Euros par mois). Si la rémunération change de manière significative, le congé parental sera mieux considéré et pourra être enfin investi par les hommes. Ce serait donc un progrès. La mission estime cependant que cette réforme n’est possible que si elle est accompagnée : d’une adaptation de l’offre de solutions d’accueil des jeunes enfants et de négociations interprofessionnelles sur la prise en compte du temps parental en milieu de travail. Mais quid des parents qui souhaitent s’occuper eux même de leur enfant durant leurs premières années de vie ? D’ailleurs 8 mois me semble un peu juste pour les familles nombreuses car il faut avoir en tête que le congé parental profite aussi aux ainés. Je suis consciente que mieux rémunérer le congé parental jusqu’aux trois ans couterait cher à la société. C’est en fait la question de la reconnaissance du travail invisible qui se pose. Je vous en parlerai prochainement en vous présentant un livre qui traite de ce sujet.
  • La questions épineuse des modes de garde sera traitée par la commission : si les structures sont desorgées pour la première année, le problème reste entier pour la suite. Les professionnels de la petite enfance se sont mis en grève cette année parce que des reformes envisageaient moins de personnel qualifié ainsi qu’une baisse du nombre d’encadrants par enfant et moins d’espace par enfant. Quid des conditions d’encadrement? Quid des parents qui n’ont pas de solutions et qui n’auront plus la possibilité de demander de congé parental même mal payé mais au moins existant? Quid aussi des femmes aux petits salaires qui devront plus vite retourner travailler et dont la paye sera engloutie par les frais de garde? Quid des personnes qui travaillent en horaires décalées?
  • La prise en compte du temps parental en milieu de travail? Est ce que si le congé parental est raccourci à 8 mois, la possibilité de prendre un temps partiel (avec prise en compte des trimestres de retraite et aide de la CAF) de droit jusqu’au 3 ans sera remise en question? Je trouvais déjà injuste qu’il ne soit plus de droit après les 3 ans… En effet, plus la famille s’agrandie, plus la charge est lourde entre maison et travail. Il y a de quoi se sentir dépassé, fatigué, entre la gestions des petits, les devoirs des plus grands, les activités extra scolaires, les courses, le ménage … D’autre part, la question du mercredi reste entière car si les enfants passent la journée au centre de loisirs ils n’ont pas de réelle coupure et engager une nounou a un impact financier. Ne parlons pas de la question du temps pour soi ! Alors de nombreuses femmes maintiennent leur temps partiel (pour info, les hommes gagnaient en moyenne 35% de plus que les femmes en 2017), au détriment de leur carrières et de leurs retraites. C’est encore la question du travail invisible qui se pose! Des aménagements de travail ont le vent en poupe comme : le télé-travail, la création de crèches sur les lieux de travail, la possibilité d’emmener son enfant au boulot. Ce sont certes des coups de pouce qu’il faut developper mais est-ce suffisant? Selon les études,  une maman qui travaille à temps plein est en effet 18% plus stressée que les autres personnes et  40% plus stressée si elle élève 2 enfants. Une étude réalisée par le professeur Tarani Chandola de l’université de Manchester, et des docteurs de l’Institut de recherche sociale et économique de l’Essex, a examiné pour les besoins d’une grande enquête les données biologiques 6 025 participants britanniques.Elle a mis en évidence le stress chronique causé par le travail : ni les horaires flexibles, ni le travail à domicile ne réduiraient le niveau de stress. Selon cette étude, travailler moins serait la véritable solution pour sortir de cet engrenage. A l’heure ou la question de l’augmentation du temps de travail fait débat, il n’est pas bien vue de prétendre qu’il serait bon de travailler moins et pourtant ne serait ce pas ce dont nous avons besoin nous les familles?